Pourquoi j'ai pas plutôt utilisé un putain de Wordpress à la con ?
À l’aube d’un grand voyage
C’est en l’an de grâce 18 du IIIᵉ millénaire du calendrier grégorien que commence notre aventure. Un jeune développeur à la verve fougueuse et à l’esprit taquin était assis à son bureau. Un mug de café froid dans la main, il écoutait les discussions animées de ces collègues développeurs web, un expérimenté, que nous appelons Neimad, et un plus jeune, que nous nommerons Sauron pour éviter de trahir leur identité.
Il était question de savoir quelle technologie employer pour la nouvelle version du site de l’entreprise, et comme chacun le sait ce genre de discussion finit souvent en querelle dantesque. Le genre de dispute ou l’on remet en question la vertu de la mère des autres et ou on se drape de la dignité du sachant en lançant des regards dédaigneux et suffisant à l’audience. Et c’est bien à ça que l’on reconnaît les débats constructifs. Le plus aguerri expliquait au plus jeune comment Laravel et quelques lignes de CSS et d’HTML pouvait élégamment solutionner le problème, alors que le plus jeune, le regard vide, proposait inlassablement de passer par un Wordpress. Parce que ct quand mêm plus s1mple :!
Confrontation
C’est à ce moment-là que le personnage principal de notre histoire se jeta avec enthousiasme dans la bataille. Pour lui la joute n’avait d’ailleurs pas lieu d’être, en effet les deux camps défendaient des positions pour le moins douteuses. Certes Neimad avait de la bouteille et sa solution à base de Laravel avait l’odeur surannée des projets d’antan, à base de technologie simple et robuste. Seulement voilà, ça restait du PHP, un langage interprété que certains pourraient qualifier de poussif ou même de démonique. D’un autre côté Sauron proposait un Wordpress, ce qui était bien pire, bien, bien bien pire. Il fallait agir et agir vite.
Aucune de ces propositions ne lui convenait, il proposa alors de coder quelque chose fromscratch en C ou en C++, ça serait quand même plus efficace, en plus ça serait cool ! Mais l’idée ne fut pas accueillie comme il l’espérait. Pas le moins du monde. Les deux développeurs, oubliant leur désaccord se tournèrent comme un seul homme vers notre héros ! Il lutta pour ces idéaux, combattit comme un gladiateur dans une arène des temps anciens mais à la fin de l’affrontement le glaive pourfendeur de la bien-pensance le désarçonna et il tomba. Qui, en effet, faisait des blogs en C ? Pas grand monde. À ce moment-là il n’était plus question d’idée novatrice et ce fut finalement le Wordpress qui l’emporta. Il s’écoula du temps et la blessure ne se referma jamais. Pire, de temps en temps le Wordpress avait un problème ou un éditeur faisait une mauvaise manip je crois et il fallait aller le réparer… Notre héros lui-même dû, à la fin, se résoudre à intervenir, et ainsi sauver la bête immonde qui gangrenait les non moins immondes serveurs EC2.
Et l’histoire aurait pu s’arrêter là si le jeune homme n’avait persévéré. Ce qu’il fit bien entendu. Il faut bien avouer qu’il avait ce qu’il convient d’appeler de la Dignité. Il se lança alors dans l’écriture d’un CMS léger et simple en C++, histoire de leur montrer comment on fait. Mais après des débuts prometteurs il se lassa, la tache était longue et il fallait bien avouer qu’utiliser un truc tout fait ça marchait bien et que c’était facile. Et encore une fois la flamme vacilla et il s’écoula des années avant que l’idée ne lui revint.
Je serai le roi des pirates
Il venait de quitter son précédent poste et il souhaitait se lancer à son propre compte, pour ne plus jamais à avoir à écrire du code qu’il n’aimait pas. Il se mit alors au turbin et après des jours de travail acharné il termina une V1 de son petit CMS personnel, il était même sur Github. Il était beau, L’API en Rust (langage qu’il appréciait alors énormément) s’occupait de gérer les utilisateurs et les articles. Elle servait aussi des template HTML générés à la volée en un temps raisonnable et restait d’une grande simplicité. Une rusticité qui était à ces yeux un gage de qualité. La dashboard était écrit en Svelte (parce que c'est quand même très fun et efficace comme façon de faire et parce qu'on a pas de runtime comme avec Vue ou Angular) et était doté d'un éditeur minimaliste de Markdown en Webassembly (croiser Svelte et Yew est une expérience un peu chimérique à vrai dire, mais pas dénué d'interet). C’était la classe, non vraiment c’était un magnifique petit monstre de foire !
Il planifia de le refactorer et de lui ajouter des fonctionnalités, d’abords l’envoie de mail pour notifier les utilisateurs de la création de leur compte, des routes et des templates pour changer un mot de passe oublié. Ensuite un système de commentaire et des catégories ! Un système de recherche également avec des filtres ! Mais la vie est ce qu’elle est, il débutait en parallèle son activité et reçu ces premiers contrats (c'est triste !). Il ne fit donc pas autant de choses qu’il ne l’espérait. Le refactoring avait bien avancé et la question des mails était réglée (et si la gestion de compte fonctionnait, elle n’avait pas d’interface). Mais pas de système de commentaire à l’horizon, quant aux catégories et la recherche, elles étaient restées à l’état d’ébauche sibylline.
La route est longue mais la voie est libre
Faisant fit du danger, le héros décida de quand même utiliser son CMS. Il avait en effet besoin de monter son savoir faire et souvent dans ce métier ça passait par un blog. Et puis si Wordpress démontre bien une chose, c’est que l’important dans la vie c’est pas ce qu’il y a sous le capot. Il l’installa alors sur un vieux serveur qu’il louait depuis un moment, un genre de machine rachitique en Asie du Sud-Est. Éprit de fantaisie et de jeu de rôle, il avait jubilé en voyant que dunmer.eu était libre pour pas cher, il l’acheta donc. Et c’est ainsi qu’à la fin de l’année il écrivit pour la première fois un article sur son blog, dans un éditeur qu’il avait écrit, communiquant avec une API qu’il avait écrite et servit par un template qu’il avait écrit.
Sans déconner, il était trop fier de son château de carte.
Et vous pourriez laisser un commentaire s’il avait pris la peine d’écrire un serveur de commentaires, mais de toute évidence il ne l’a pas fait, alors bon, désolé. Au pire envoyez-moi un mail, il doit y avoir un lien quelque part.
Edit 10/07/2022 : En théorie, si rien ne foire, vous pouvez créer un compte et poster des commentaires !
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